Edition
« LES MARBRES FRANÇAIS – VOYAGE EN POLYCHROMIE »
Pourquoi ce livre ?
Mon intérêt pour les marbres a débuté à la fin des années 2000. Je me suis peu à peu passionnée pour la pierre naturelle, ses carrières, son industrie et ses savoir-faire industriels et artisanaux, pourtant assez méconnue du grand public.
Une remarquable exception a aiguisé ma curiosité et mis mon sens du marketing en alerte : le marbre de Carrare investissait dans ces années-là des millions d’euros dans des campagnes de communication et de promotion de ses marbre blancs, gris, neutres, au travers de projets d’architectes, de designers, de décorateurs renommés. Le marbre de Carrare occupait le terrain : design, tendance, tout le monde en voulait pour les sols, les cuisines, les salles de bain, les façades d’immeubles, le mobilier, jusqu’à lasser les plus créatifs.
Je me suis alors interrogée sur nos ressources locales et j’ai découvert que les marbres français étaient bien à l’opposé de leurs cousins du vaste bassin minier installé sur les flancs des Alpes apuanes, au nord-ouest de la Toscane.
De coloris très variés, les marbres français sont extraits dans de petites carrières plutôt artisanales (des « marbrières »), souvent cachées dans les vallées de montagne, et disposent de peu de moyens de promotion. Ils connaissent leur apogée au XVIIe siècle, grâce à la volonté de Louis XIV d’en faire « le » noble matériau du Palais de Versailles. Ils reviennent dans les standards de mode au XIXe siècle, portés par une volonté politique et économique. Les marbres français décorent alors nos plus beaux monuments et s’invitent dans les intérieurs bourgeois pour habiller cheminées et dessus de meubles.
De guerre en guerre, leur éclat se ternit au XXe siècle, ils passent de mode et la demande chute. La main d’œuvre manque, de nombreuses carrières ferment.
De nombreuses carrières de marbres sont encore en activité, souvent pour de petits volumes extraits, et il s’agit bien d’un patrimoine vivant, qui ne demande qu’à être revitalisé, et reconnu. Des designers, des architectes, des décorateurs célèbres le redécouvrent depuis quelques années pour des projets audacieux.
Mais sait-on seulement que derrière ces marbres aux noms parfois trompeurs (Skyros, Kuros,…) se cachent des carrières qui ont fait la fierté et la richesse de leurs territoires, et sont encore exploitées, même parfois réouvertes, par des femmes et des hommes passionnés ?
Il est temps de remettre en lumière les marbres français, d’expliquer leur origine géologique et leur histoire, de revendiquer leur identité et ainsi de favoriser leur diffusion, tout en respectant une exploitation durable des ressources.
C’est tout l’objet de ce livre.