Que de monde, que de monde !

Les files d’attente pour rentrer sur le salon, l’affluence dans les allées, l’impression de « ruche » que dégageait le salon laissaient augurer de chiffres exceptionnels pour cette 7e édition de MIF Expo. Organisée brillamment par Fabienne Delahaye et son équipe, MIF Expo 2018 bat en effet tous les records : 500 exposants (450 en 2017), 69 000 (60 000 en 2017) visiteurs sur 3 jours, pour la plus grande satisfaction de tous.

Le plaisir de revoir les amis de la Rue du Made in France

Suite à la Rue du Made in France que nous avons organisée avec Virginie Millet  au printemps 2018 (du 15 mai au 15 juillet dans le quartier du Vertbois Paris 3e), c’est avec un grand plaisir que j’ai retrouvé sur le salon Virginie, qui aidait à cette occasion Vicky Caffet sur son stand Garçon Français, ainsi que quasiment toutes les marques qui faisaient partie de l’aventure. Citons par exemple Davy de Dao Davy, avec sa nouvelle collection sous le signe du surcyclage et du recyclage, ses jeans selvedges, ses t-shirts en lin..  Marion Lacaux de Naturellement Petits, engagée avec conviction dans Splice,  une nouvelle marque de magnifiques t-shirts en lin fabriqués en France, assistée sur son stand par Thierry, responsable du concept-store l’Ecrin pendant la Rue du MIF. Blandine, toujours pleine d’enthousiasme, présentait de jolies nouveautés sur son stand Orijns.

Et je n’oublie pas tant d’autres personnes retrouvées au fil des allées, des stands, et lors de la soirée organisée par l’équipe de OFG dans un lieu magique à Paris, sans oublier Arnaud Montebourg, reconverti en entrepreneur du miel Bleu Blanc Ruche et vendeur hors pair ! Le Made in France, c’est aussi une communauté soudée qui s’épaule et travaille ensemble..

Il manquait à l’appel Emilie et David, occupés dans la préparation de l’ouverture de leurs 3 boutiques l’Appartement Français dans la Galerie 26 Champs Elysées. C’est chose faite depuis le 15 novembre et j’ai hâte de leur rendre visite.

Des conférences pour avancer sur le « produire en France » mais l’absence remarquée de nos élites.

Toutes les conférences, tables rondes et témoignages organisés par le salon sont intéressants, utiles et pleins d’enseignement. On a pu cependant regretter l’absence de représentants du Gouvernement et notamment du Ministère de l’Economie, qui auraient été bienvenus à prendre le pouls de cette France qui se bouge.

Il serait d’ailleurs temps que le gouvernement actuel s’empare du sujet et mette les bouchées doubles pour soutenir et accompagner les initiatives d’entrepreneurs que MIF Expo  met en avant, au-delà des entreprises du CAC40, du luxe, de la French Tech…

MIF Expo 2018 démontre une nouvelle fois l’intérêt grandissant des consommateurs pour le Made in France, installé pour durer et surtout, surtout, l’enthousiasme de ces jeunes (et moins jeunes) entrepreneurs qui se lancent dans l’aventure, parce qu’ils veulent redorer l’image de la France, relancer les savoir-faire et les outils de production, remonter des filières qui avaient pour certaines pratiquement disparu, sacrifiées par ma génération de managers dans les années 80 et 90 sur l’autel de la production à bas coût des nouveaux pays producteurs d’Asie et d’Europe de l’Est !

Consommer moins mais mieux.

Acheter français veut dire consommer mieux et de meilleure qualité : on garde ses produits plus longtemps, on les chouchoute car on les aime, et ils se démodent moins rapidement qu’une petite pièce achetée 20 € de la « Fast Fashion » (ou « mode rapide »). On les entretient avec douceur. Il faut donc que les fabricants soient à la hauteur en termes de qualité, ce qui est le cas !

Du côté des fabricants et des marques, se pose la question des conditions de fabrication : les belles matières, le respect de l’environnement, le respect des employés, l’outil de production, le savoir-faire, tout ceci a un coût qu’il faut expliquer, justifier et raisonner. Il faut ouvrir les entreprises (des visites coordonnées par exemple par le réseau entreprise et découverte), raconter les histoires, souvent héritées du glorieux passé industriel du XIXe siècle (qui n’épargnait pas ses ouvriers…), en utilisant les images, les témoignages, les visites …

Il faut former de nouveaux talents manuels et intellectuels, donner envie aux jeunes générations de rejoindre les usines, les ateliers, pour produire différemment, et organiser la transmission des savoir-faire des « anciens »  souvent  proches de la retraite, avant qu’ils ou elles ne partent définitivement.

Il faut trouver son positionnement prix : pas trop élevé pour permettre l’accès au plus grand nombre au « produit en France », et ainsi atteindre un niveau quantitatif suffisant pour permettre l’investissement en machines, la modernisation des ateliers, l’amélioration des conditions de travail…  mais surtout pas trop bas pour dégager suffisamment de marge permettant d’investir en communication, en marketing pour se faire connaître et en recherche et développement pour durer.

Le financement participatif est un moyen très souvent utilisé pour se lancer (voir par exemple les 3 lancements récents sur Ulule : RoutineBleu Blanc RucheSplice, qui ont « explosé » leurs compteurs). Il conjugue les bénéfices d’un lancement  sur une plateforme, la communication, la sécurisation d’une première série de production et un levier financier pour démarrer.

La distribution, un des principaux freins limitant la démocratisation du Made in France.

Bien sûr la vente directe par internet, peu coûteuse, facilement accessible, est largement utilisée par toutes les marques mais elle montre ses limites car elle ne satisfait pas complètement le consommateur qui a besoin de voir, de toucher les produits, d’être rassuré par un expert vendeur.

La majorité des consommateurs éprouve des difficultés à trouver un point de vente, notamment une boutique physique spécialisée (marque ou multimarque).

C’est pourquoi les occasions d’acheter et de rencontrer les marques telles que le salon MIF Expo – la Rue du Made In France – l’Appartement Français – la Boutique OFG ont du succès. Et c’est pourquoi on assiste à une multiplication des boutiques en nom propre : le Slip Français, Garçon Français (dans le Marais à Paris en décembre), 1083 (bientôt rue de Turenne à Paris), Dao Davy en réflexion ….

Mais cependant, la plupart de ces ouvertures sont à Paris !

Un nouveau projet en préparation en régions

La Rue du Made in France m’a permis de faire une autre belle rencontre, celle de Patricia Lexcellent,  qui réfléchit à un concept de distribution de produits fabriqués en France, dans les villes de régions, sous une forme nouvelle. Patricia m’a proposé de la rejoindre pour monter ce nouveau projet, actuellement baptisé « French Flair ». Il conjugue une forme de société coopérative d’intérêt collectif, pour la distribution en région sous forme de boutiques éphémères ou nomades, et verra le jour en 2019. Vaste projet passionnant !

MIF Expo a été l’occasion pour nous de repérer les marques que nous aimerions distribuer, et de tester le concept du projet. Pour l’instant nous avons reçu un très bon accueil et avons effectué une pré-sélection de marques qui nous plaisent.

La suite en 2019 !